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Sophie Thomas sur le design produit et développement durable

Sophie Thomas nous explique comment créer un monde plus durable en redéfinissant les déchets.

Pattern from the What goes around comes around project poster by Sophie Thomas and Kristine Matthews at RCA

Les déchets sont un défaut de conception. C’est la philosophie de vie – et de travail – de la militante et designer Sophie Thomas. Son travail de redéfinition du design produit par le prisme du développement durable en a fait l’une des principales expertes dans son domaine. Nous avons rencontré Sophie pour discuter comment repenser notre approche du design produit peut aider à façonner un monde plus éco-responsable.

Portrait of designer and campaigner Sophie Thomas

« Soyez sûr.e.s de vos convictions et sachez vous faire entendre »

La diplômée de Central St Martins et du Royal College of Art de Londres défend le design durable depuis qu’elle a fondé Thomas.Matthews avec la designer Kristine Matthews en 1997. Elle est aujourd’hui une responsable de gestion des déchets reconnue, la directrice d’économie circulaire pour Useful Projects, membre du collectif URGE et du conseil d’administration de WRAP. Quand elle n’est pas en train de collaborer sur des projets artistiques militants ou qu’elle ne porte pas sa casquette de collectionneuse de déchets le temps d’une journée.

La rudologue (celleux qui étudient les déchets) en herbe a pris goût à l’activisme dès son plus jeune âge. « Mon sens du développement durable est venu bien avant mon sens du design. J’ai grandi dans une famille assez politique et militante. [Ils m’ont appris à] être sûre de mes convictions et savoir me faire entendre. »

Son éducation politique l’a menée à l’activisme, mais c’est sa créativité qui a ouvert la voie à sa future carrière. « Je dirais que [le design et le développement durable] sont plus ou moins tissés ensemble, ce qui les rend très difficiles à démêler. Je voulais être une activiste et arrêter des bateaux, pétroliers et faire partie de l’équipe Greenpeace. Puis j’ai réalisé que mon – faute d’un meilleur mot – ‘superpouvoir’ était en fait ma créativité. »

Sophie s’est d’abord mobilisée par la communication visuelle. « J’ai toujours été fascinée par l’activisme graphique et l’idée de donner une voix à des choses qui n’en ont pas ou à des citoyen.ne.s qui ne peuvent pas s’exprimer. Faire s’entremêler l’usage du pouvoir de la voix mais de façon graphique m’a menée au design. »

Une voix pour les déchets

Elle partit alors étudier le graphisme et la communication dans l’une des universités les plus prestigieuses de Londres, où elle rencontra sa future cofondatrice Kristine Matthews. Ensemble, elles mirent leurs compétences au profit du développement durable grâce à des projets forts. Le premier, « qui sème le vent récolte la tempête » (« what comes around goes around« ) prit racine au Royal College of Art. « Nous avons ramassé l’équivalent d’une semaine de déchets de la cantine et l’avons pendu dans le hall, pour montrer aux gens à quoi revient une semaine de déchets et ce qui lui arrive. L’aluminium ne se recyclait pas à cette époque, et le verre non plus. Nous avons passé beaucoup de temps à passer en revue les déchets et à analyser toutes les données, en parcourant tous les dossiers de restauration.

Poster for the What goes around comes around project by Sophie Thomas and Kristine Matthews at RCA

« Puis nous avons créé un mug qui coûtait deux livres et qui vous permettait d’économiser trois pence sur votre café à chaque fois que vous l’utilisiez – le prix d’une tasse en polystyrène. Avec cet argent, nous avons acheté les bonnes poubelles puis avons discuté avec l’entreprise de gestion des déchets pour mettre en place le recyclage. Il ne s’agit pas juste d’une campagne et de faire quelque chose de superficiel. Il faut prendre sur soi et cela s’applique à tout le travail que je fais. Il s’agit vraiment de mettre en avant et d’activer ainsi que de faire ses recherches et l’analyse de son cycle de vie. C’est ce qui me plaît le plus. Cela fait partie du projet d’investigation, d’interrogation et de design. »

Le duo a également travaillé avec ​​Friends of the Earth pour créer un « No shop » en 1997. Pour le lancement de la « Journée sans acheter«  au Royaume-Uni, elles ont installé un magasin qui ne vendait rien sur une grande rue, pour encourager les gens à se défaire de leur identité de consommateurs.rices et à réfléchir à leurs habitudes de consommation.

No Shop project for Friends of the Earth and Buy nothing day by Sophie Thomas and Kristine Matthews

Plus de vingt ans après, l’art et la sensibilisation vont toujours de paire pour Sophie Thomas. Son projet avec la designer d’accessoires de maison récompensée Ella Doran, Clean up Camo, transforme les déchets ramassés sur des plages polluées en de sublimes motifs presque abstraits qui recouvrent des écharpes, coussins et autres accessoires fabriqués de façon éthique. Elle travaille également avec Common Seas afin de mieux comprendre comment faire du design sans que les déchets finissent dans nos océans dès le début – des principes qu’elle a appliqués à la collection.

« Pour Clean up Camo, le support était très clairement le message – prenant là encore ce genre de concept de l’activisme et de matériau. Nous avons passé beaucoup de temps à analyser la chaîne d’approvisionnement. Nous avons travaillé avec des spécialistes de l’analyse du cycle de vie et avons fini par opter pour un matériau en polyester recyclé après consommation sur lequel nous pouvions réaliser une impression sans eau – ce qui aide vraiment car les teintures sont l’une des causes de pollution de l’eau. »

Le procédé de sublimation créait d’autres déchets  – mais bien plus gérables. « Cela fonctionne à la chaleur. C’est un imprimé en couleur sur papier que l’on applique sur les matériaux pour transférer l’encre. On se retrouve du coup avec des déchets papiers, alors on les a récupérés pour en faire les emballages – un circuit fermé, en quelque sorte. »

Il fallait obligatoirement réfléchir aussi à la fin de vie du produit. « Quand vous avez fini d’utiliser le produit dans 10-15 ans, nous pouvons le reprendre et le récupérer entièrement car c’est un seul matériau. Nous avons tout examiné – chaque fermeture Éclair, chaque fil est dérivé du polyester ou PE de façon à ce qu’on puisse le faire passer par un seul et même système. »

L’économie circulaire comme fondement pour un monde durable

Les principes que Sophie Thomas applique à sa pratique sont ceux qu’elle souhaite défendre. Le poids de la production et des coûts détourne souvent les designers des problématiques autour du développement durable et de la fin de vie du produit. Cela les conduit à mélanger les matériaux et les méthodes, créant ainsi des produits qui ne peuvent être traités et recyclés correctement. Un casse-tête pour les consommateur.rice.s qui, malgré leurs efforts, finissent souvent  par mettre leurs produits dans la mauvaise poubelle.

« En tant que designers, nous suivons des briefs, qui ont tendance à vouloir obtenir la meilleure réponse au prix le plus bas. Donc on ne conçoit pas vraiment dans l’optique de réutiliser ou réparer ou récupérer les matériaux. Bizarrement, cela devient plus onéreux. Et c’est vraiment dingue quand on regarde le solde total, les économies d’échelle sont très biaisées.C’est parce que, dans l’économie linéaire, on solde tellement de choses qui sont plus ou moins cachées ou pas prises en compte dans le coût des matériaux. Le défi, c’est comment changer cela. »

Le concept clé derrière l’économie circulaire est de donner une deuxième vie aux objets. Comment les designers peuvent-iels incorporer ce principe dans le processus de développement ? « C’est l’un des meilleurs défis du design car on ne tient pas les choses pour acquises. Que se passe-t-il si on n’utilise pas ce matériau spécifique ? J’entends souvent les designers répondre ‘je réponds seulement au brief, je ne peux pas y faire grand chose.’ – mais je dirais que ce n’est pas vrai. On détermine les matériaux, les couleurs, on peut en fait avoir de l’influence sur beaucoup de ces choses. Et on peut également s’éduquer de façon à trouver des clients que ça intéresse, à défaut de persuader ses clients existants.

« C’est un défi particulièrement intéressant pour les designers car cela nous fait aller plus loin de différentes façons. Cela oblige à faire preuve de plus d’efficacité et de minimalisme dans la conception car on doit réfléchir plus latéralement et plus attentivement à toutes les étapes et processus de façon à ne pas simplement choisir quelque chose au hasard. On réfléchit à sa provenance. On réfléchit au cahier des charges pour sa fabrication. On réfléchit à sa longévité. Et cela nous fait mieux réfléchir, de façon plus consciente de la manière dont notre produit interagit avec le monde. Cela nous évite de devenir un autre rouage dans la machine, produisant à la pelle. »

« Le développement durable devrait être le principe fondateur pour les designers »

L’éducation joue un rôle clé pour évoluer vers un processus de design produit plus responsable – et un modèle plus durable en général. « On enseigne le développement durable généralement dans un module alors qu’il devrait être un principe fondateur pour les designers, avec l’économie circulaire comme son application.Ce n’est même pas un cours de design, c’est de l’économie. Que fait-on si on se retrouve face à face avec un modèle de profitabilité basé sur le coût et la vente par unité ? Comment créer un modèle opposé axé autour de la recharge, du service, de la location ? Comment peut-on rendre cela plus intéressant que le produit unitaire ?

« Il est dix-huit fois plus rentable de conserver son client via un modèle de service plutôt que d’en acquérir un nouveau. Acquérir de nouveaux clients tout le temps revient d’autant plus cher. Le problème est que c’est plus long terme, alors c’est plus rapide de vendre quelque chose et obtenir des profits immédiatement plutôt que de construire une relation sur le long terme avec ses clients. C’est juste une façon de penser différente. »

Aujourd’hui et demain

Lorsqu’il s’agit du futur, Sophie Thomas garde espoir mais sait qu’il reste beaucoup de choses à faire. Depuis qu’elle a travaillé sur The Great Recovery, un projet qui a duré de 2012 à 2016 et qui examinait les problèmes liés aux déchets et les opportunités d’une économie circulaire sous l’angle du design, les choses ont commencé à (doucement) évoluer dans le bon sens. « On y est. Les choses commencent à bouger, on peut le constater. D’un côté, il y plus de choses dans le monde, et les mêmes entreprises avec qui on travaillait il y a dix ans se battent encore contre cette surproduction.

The Great Recovery logo by Sophie Thomas

« De l’autre côté, nous avons aujourd’hui les nouvelles lois et index de réparation. Cela nous confronte à de nombreuses problématiques, comme les composants d’appareils électroniques collés les uns aux autres, la façon de produire les vêtements… C’est crucial quand on sait que la durée de vie moyenne d’un vêtement est d’environ sept fois avant de partir à la poubelle au Royaume-Uni – je crois que cela a augmenté. Mais il faut rester positif et garder espoir pour comprendre comment répondre à ce défi. Je pense que le plus important pour un.e designer est d’arrêter de créer des choses inutiles, qui ne sont ni pertinentes ni importantes. »

L’une des idées fausses contre lesquelles se bat Sophie à travers son travail est la croyance que le développement durable repose seulement sur la production, alors qu’en réalité, la vie et la fin de vie du produit sont cruciales pour déterminer son impact environnemental. « C’est une question de forme et de fonction. Si on crée quelque chose à partir de ce matériau durable, mais qu’il ne dure pas longtemps ou qu’il casse, est-ce vraiment le meilleur matériau ? J’ai quelque chose contre les sacs en papier à la place des sacs plastiques. Je n’aime pas du tout les sacs plastiques, évidemment, et, de préférence, il faut prendre son propre sac de courses, mais parfois les sacs en papier ne durent pas et une poignée se déchire ou il se met à pleuvoir sur le chemin du retour. Et pour moi, c’est aussi un défaut dans le design.

« D’un point du cycle de vie du consommateur de la façon dont ce sac papier a été fabriqué, l’énergie pour transformer un arbre en sac papier est probablement plus importante que pour transformer du pétrole en un sac plastique si on considère son usage. Donc, en réalité, l’empreinte carbone de ce sac papier est bien plus grande que celle du sac en plastique. Mais car on est dans cette phase “pas de plastique” en ce moment, c’est ce que font les entreprises, alors que le message devrait plutôt être ‘ramenez le vôtre, ne prenez pas de sac du tout’. »

Pour elle, changer notre image de la valeur et de là où elle se trouve est essentiel pour comprendre l’économie circulaire. « Les designers devraient avoir une approche holistique, iels devraient comprendre parfaitement la provenance et d’où vient le matériau ; l’impact qu’il a eu. Et iels devraient aussi comprendre que leur design est un détail infime dans la durée de vie du matériau. Ce matériau va durer et durer et on veut qu’il dure et dure car c’est sa valeur. La valeur n’est pas votre détail infime, la valeur se trouve dans le matériau. »

« Les déchets sont juste une ressource inexploitée au mauvais endroit »

Sophie est fascinée par les déchets. « Ma philosophie est ‘les déchets sont un défaut de conception’ car, dans les faits, on ne conçoit pas l’ensemble, on ne conçoit pas pour un système. Mais actuellement, nous avons beaucoup de déchets, alors comment peut-on les récupérer et commencer à nous en servir ? Il faut redéfinir ce que sont les déchets. C’est juste une ressource inexploitée au mauvais endroit, il faut la remettre sur le lieu de travail. Là encore, Clean up Camo se sert de matériaux recyclés. Cela est déjà passé par le système [de déchets] et c’est un super matériau. »

« En tant que designer, il faut imaginer que le brief inclut une troisième et quatrième vie de notre produit. Il faut comprendre ce qui se passe après qu’ils aient été utilisés. Par exemple, si on achète quelque chose dans un pot, on peut réutiliser ce pot pour ses plantes, mais que se passe-t-il ensuite ? Il s’agit de ne pas rajouter une couche de plastique ou autre ou de ne pas le coller ensemble de façon pour qu’il ne soit pas impossible de le désassembler/décomposer. Puis il faut réfléchir à la pureté de ce produit. Si on met beaucoup de colorants dans le plastique, par exemple, ou de préservatifs, ou de retardateurs de flammes. Toutes ces choses contaminent le flux de matériau.

« Au final, c’est une histoire d’équilibre des deux côtés, mais il faut comprendre comment le design interagit avec de la façon avec le moins d’impact quand il s’agit de le réintégrer au système avec le plus de valeur possible. Il s’agit donc de comprendre le potentiel de ses vies futures, je suppose. »

Changer pour le meilleur

Pour trouver des matériaux meilleurs et plus durables, la difficulté est souvent de trier le blé de l’ivraie. Les matériaux innovantes auto-proclamés « éco-responsables » ne tiennent pas toujours leurs promesses quand on regarde leur empreinte environnementale générale. Sophie souligne l’importance d’analyser les qualifications de ces matériaux quand on réfléchit à un design produit durable. Regarder l’origine des matériaux est crucial, mais cela peut être plus complexe qu’il n’y paraît. « Même pour nous, qui bénéficions d’un excellent réseau, ces informations peuvent être difficiles à trouver. Les chaînes d’approvisionnement sont énormes, souvent dans des pays lointains, et ils ne vous donneront pas ces informations à cause de la propriété intellectuelle. »

La recherche ne doit cependant pas s’arrêter là. Compenser les matériaux eux-mêmes avec l’impact de leur transport, consommation d’eau et autres aspects clés du processus de production est essentiel pour prendre une décision éclairée. « Il s’agit de comprendre et obtenir autant de données que possible. Mais la chose que j’ai vraiment pris sur le fait, c’est que, en réalité, en tant que consommateur.rice.s, nous devrions exiger plus de transparence sur la provenance des matériaux et pour comprendre d’où ils viennent, comment ils sont fait et ce qu’il y a dedans. J’ai certaines conversations où on me dit ‘oh mon dieu, je ne sais pas que ce matériau contenait X’. Les gens ne savent tout simplement pas, ils ne peuvent pas le voir. »

« Il faut savoir où trouver des réponses, et il n’y a malheureusement pas assez de bibliothèques de matériaux. Parfois, elles coûtent trop cher, ne contiennent pas assez d’informations ou ne sont pas à jour. C’est un boulot à temps plein ! » Créer une palette de matériaux était l’un des premiers projets de Thomas.Matthews et cette curiosité à l’égard des matériaux continuent à influencer tout le travail du studio.

« Nous devrions mettre à profit notre créativité pour créer un monde meilleur »

Le design produit et le développement durable sont intrinsèquement liés, mais ils se croisent également avec d’autres problématiques sociales. « Si on regarde les grandes zones industrielles aux Etats-Unis et en Angleterre, elles se trouvent souvent juste à côté des zones les plus défavorisées. Et c’est parce que les terres sont autant polluées, et moins chères. Il y a une sorte d’exploitation des ressources et d’exploitation des gens liées ensemble dans ce modèle de production et de fabrication. C’est vraiment déprimant de penser que l’on attend un brief pour concevoir quelque chose de tout beau tout neuf, quand nous devrions plutôt mettre à profit notre créativité pour créer un monde meilleur. Et, franchement, il y a beaucoup de designers qui font cela actuellement, alors ça donne espoir. »

Ecover est l’une des marques que Sophie Thomas cite comme un modèle . « Leur approche des recettes dès le départ a toujours été très intéressante, partageant leurs recettes pour faire du liquide vaisselle ou linge. Ils ont toujours pris en considération les matériaux recyclés pour leurs emballages, mais ils commencent à se pencher sur les recharges maintenant. Ils comprennent l’importance de ne pas créer un bien de grande consommation. Ils réfléchissent au fait qu’on ne veut pas acheter une bouteille avec du liquide dedans, mais qu’on veut simplement pouvoir laver ses vêtements. »

 

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Elle suggère également que l’essor des petits lots et de la fabrication locale est un signe que les entreprises vont dans la bonne direction. Quand il s’agit des plus grandes entreprises, elle est contente de constater plus d’introspection et de volonté de changer au sein des organisations.

L’aspect pédagogique de son travail est l’une des choses qu’elle préfère. « Mon travail implique de faire beaucoup de recherches ; c’est agréable de pouvoir utiliser ces recherches pour aider quelqu’un. Je suis plutôt pour faire passer le mot et oui, il m’arrive de monter sur ma petite tribune et dire à tout le monde quoi faire, » rit-elle.

Au-delà du design produit

Développer des matériaux et produits plus durables implique de travailler avec les politiques et les infrastructures disponibles. Sophie raconte l’histoire d’une marque informatique qui a lancé un ‘ordinateur durable’. « En fait, ils ont simplement revêtu la machine de bambou, et lorsqu’elle est arrivée en fin de vie, la machine de tri de l’installation de déchets électroniques n’a pas pu enregistrer le bambou – elle pensait qu’il s’agissait de plastique. Il a fini par contaminer des tonnes de plastique. Le produit a en fait fini par créer beaucoup plus de déchets que s’ils l’avaient laissé tel quel. »

Elle a constaté le même problème avec les bioplastiques. « Les gens sautent dessus, mais au Royaume-Uni, par exemple, nous n’avons pas encore de système pour traiter ce matériau. Actuellement, s’il pénètre dans la caisse de recyclage, il peut potentiellement contaminer d’autres plastiques. Vous rencontrez de gros problèmes avec le matériau qui en sort, qui peut avoir des trous et devenir assez salissant. S’il se retrouve dans votre bac à compost, par contre, il vous suffira de le retirer, car les machines ne peuvent pas s’en occuper. »

Plastic recycling batches by Nick Fewings

Selon Sophie, nous devrions baser le design produit sur les infrastructures existantes. Ici aussi, elle insiste sur l’importance de prendre du recul. « Avec l’infrastructure que nous avons actuellement, nous sommes terriblement bas sur nos objectifs de recyclage. Pour moi, il s’agit d’optimiser cela, car c’est le système dans lequel nous vivons maintenant. Et ensuite, nous devrions réfléchir aux infrastructures dont nous avons besoin pour mieux gérer les ressources. Ce n’est souvent pas du ressort du ou de la designer, mais c’est quelque chose que nous pouvons demander aux autorités locales. Il s’agit absolument de jongler entre politique, optimisation et conception. »

Les politiques s’améliorent pour résoudre ces problèmes. « Il se passe beaucoup de choses en ce moment. Nous avons la nouvelle réglementation sur la responsabilité élargie des producteurs (REP) et les projets de loi environnementaux qui font passer beaucoup de choses. Cela concernera la conception de produits, le bâtiment, les textiles – il y aura beaucoup de choses très intéressantes qui sortiront dans les dix prochaines années environ. C’est une vision à long terme. »

« C’est important d’en avoir conscience parce qu’en fait, avec les REP qui arrivent l’année prochaine, cela commencera par l’emballage. Des choses comme les systèmes de consignation – reprendre les bouteilles et récupérer de l’argent en échange – ​​font partie de la responsabilité élargie du producteur. Cela signifie que le producteur paie. Donc, en fait, si vous concevez un produit pour une entreprise et que vous n’êtes pas efficace, ou que vous pensez à vos matériaux d’une manière telle qu’ils pourraient potentiellement se retrouver dans la mauvaise poubelle ou dans un océan, vous pourriez finir par faire payer votre client pour votre choix de design. »

Vous pouvez en découvrir plus sur Thomas.Matthews ici et suivre Sophie Thomas sur Twitter ici.

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